En su memoria, incluimos a continuación el artículo escrito por su mujer, Christiane Hessel-Chabry, y por Gilles Vanderpooten, en francés:
Stéphane Hessel : hommage à un
irrésistible optimiste... et à la jeunesse
02 mars 2014 | Par Les invités de
Mediapart
Pour le premier anniversaire de la
disparition de Stéphane Hessel, Christiane Hessel-Chabry, son épouse
et complice, et Gilles Vanderpooten, co-auteur de Engagez-vous !,
rappellent l'actualité de son héritage.
Depuis sa disparition le 27 février
2013, il y a exactement un an, des villes, en France, en Allemagne,
en Belgique, ont baptisé de son nom des places, des rues, des
écoles, des centres culturels ou sociaux. Un courrier venu du monde
entier a salué sa mémoire. Témoignages étonnants de l’étrange
rayonnement de cet homme au train de vie modeste, et que son succès
planétaire n’avait de cesse de surprendre. Succès qui a bousculé
ses dernières années et la vie de ses proches. Il rêvait – avec
Christiane – de se retirer dans un hameau des Cévennes, chez des
amis bergers, loin de ce tumulte. Il n’en a pas eu le temps...
Sans doute l'optimisme constitutif et
contagieux de Stéphane, trait de caractère reconnu par beaucoup,
explique-t-il pour partie l’incroyable et mystérieux succès d’
Indignez-vous !. Ce livre aussi modeste soit-il, né au hasard d’une
rencontre sur le Plateau des Glières et initialement publié à
quelques milliers d’exemplaires, a rencontré dans le monde une
attente non dite. Une attente presque universelle pourrait-on penser,
à l’aune des quatre millions d’exemplaires et des quarante
traductions dont il a fait l’objet dans le monde, de l’américain
à l’esperanto, du basque au suédois, du grec au coréen…
Cette attente, les Indignés la
révèlent, l'expriment, dans un mouvement utile et nécessaire qui
manifeste une exaspération vis-à-vis des injustices, du manque de
courage, et d’une vie politique sans saveur. "L'avenir est
notre affaire" ont-ils crié et revendiqué. Et si c'était une
expression normale et souhaitable de la démocratie ? Et si les
Indignés nous renvoyaient tout simplement à nos droits et devoirs
de citoyens ? Le mouvement des Indignés, inattendu, spontané, a
sans aucun doute représenté – et continue à incarner – un
réveil, un sursaut, une envie de démocratie.
Pour une indignation constructive
Stéphane savait et disait qu’il
n’est pas suffisant de s’indigner. Devait ensuite venir le temps
de l’engagement. C’est le sujet du livre d’entretien que
Stéphane a conçu – avec Gilles – Engagez-vous !, réalisé
avant le fameux Indignez-vous !, mais publié après.
Le motif de l’engagement de Stéphane,
c’est la défense des droits de l’homme. Le fait d’avoir eu la
vie sauve en prenant l’identité d’un mort dans les camps, l'a
amené à se sentir redevable, responsable. Ses engagements étaient
variés mais se rejoignaient dans cette cohérence. Une cohérence
dans les valeurs qu’il a défendues courageusement, inlassablement,
quel qu’en soit le prix. Frôlant la mort à plusieurs reprises
dans la Résistance et les camps de concentration desquels il
s'évada. S’aventurant dans des pays en proie à la guerre en tant
que diplomate. S’exposant à la vindicte de certains adversaires
politiques qui ne comprenaient pas ses prises de positions sur le
conflit israélo-palestinien. Ou encore s’épuisant dans un « tour
du monde » qui l’enthousiasmait et le portait sans doute mais,
aussi, le surmenait.
Ce qui intéressait Stéphane, c’était
l’avenir. Il aimait surtout rencontrer des jeunes de partout, qu’il
incitait à prendre conscience de leurs responsabilités, de leurs
droits, devoirs et pouvoirs de citoyens. Il les incitait à agir,
toujours dans la non-violence, à croire en leur capacité à «
changer le monde » et à changer le cours des choses. Car, ne
cessait-il de rappeler, « LE MONDE EST A L’IMAGE DE CE QUE NOUS
SOMMES ».
A la jeunesse : Indignez-vous !
Engagez-vous !
Alors qu'une partie de la jeunesse dit
se sentir "perdue" et "sacrifiée", nous
l'appelons à ne pas tomber dans le piège du pessimisme paralysant,
du déclinisme ambiant ou de l'autoflagellation qui conduirait à
valider l'opinion selon laquelle "la jeunesse n'a pas d'avenir".
Il ne s'agit pas de refuser la réalité,
mais bien de l'accepter telle qu'elle est c'est-à-dire complexe :
elle offre autant de raisons d'espérer que de désenchanter.
Non à la désespérance et à
l'inaction !
Sachons dire non. Dénoncer. protester.
Résister. Désobéir, parfois.
Oui à l'action concrète et
constructive !
L'engagement, l'envie d'agir, et le
passage à l'action feront certainement la différence.
Des éléments de réponses sont déjà
sous nos yeux. Partout autour de nous fleurissent et se développent
des initiatives inspirantes - qu'elles soient dans l'économie locale
et sociale, l'entraide, la finance solidaire et participative, le
développement de la créativité, de l'esprit d'initiative et
d'entreprenariat, l'agriculture naturelle et biologique, les villes
en transition, les nouveaux modèles énergétiques décentralisés,
les comités de quartier... A la ville et à la campagne comme dans
les banlieues.
Envisager ces réponses et alternatives
– et bien d'autres qu'il reste à inventer – c'est se projeter
dans un monde d'autres possibles. C'est reconnaître les difficultés,
tout en cherchant les moyens de les dépasser.
A nous, à vous, de prendre part à la
construction de réponses, de solutions, d'alternatives concrètes
aux aspects du monde qui ne nous convient pas. C'est probablement la
meilleure façon de rendre hommage à Stéphane Hessel.
Christiane Hessel et Gilles
Vanderpooten sont les co-auteurs du livre Stéphane Hessel,
irrésistible optimiste aux éditions de l'Aube.
Christiane Hessel-Chabry, 85 ans,
épouse et complice de Stéphane Hessel, a partagé avec lui de
nombreux engagements dont la défense des sans papiers et des enfants
de Gaza. Elle est l'auteur de Gaza, j'écris ton nom aux éditions
Indigènes.
Gilles Vanderpooten, 28 ans, a coécrit
Engagez-vous ! avec Stéphane Hessel, point de départ d'une série
de livres d’entretiens avec des personnalités aussi éclectiques
que Danielle Mitterrand (Ce que je n’accepte pas), Guy Bedos (J’ai
fait un rêve) ou Philippe Starck (Impression d’ailleurs), aux
éditions de L’Aube. Il dirige l’ONG Reporters d’Espoirs qui
promeut « une information qui donne envie d’agir ».